Les entorses et luxations de l’épaule

1. Les entorses ou disjonctions acromio-claviculaire

Il s’agit d’une atteinte fréquente (10% des traumatismes de l’épaule) de l’articulation entre l’acromion (une partie de la scapula ou omoplate) et le bord externe de la clavicule, sur le dessus de l’épaule.

Le plus souvent elle est provoquée par un choc direct sur le moignon de l’épaule (chute de vélo, plaquage au rugby, impact au judo ou au hockey sur glace …). Elle touche le plus souvent les hommes (ratio 5/1), jeunes (20 à 30 ans) et sportifs.

L’atteinte de l’articulation acromio-claviculaire peut aller de la simple entorse jusqu’à la luxation complète. A l’examen, le symptôme principal est la douleur. Une déformation sur le dessus de l’épaule et un hématomepeuvent être associés. Une incapacité d’utiliser le membre (souvent transitoire) est possible. L’imagerie (radiographies et/ou scanner) permet d’identifier 1 des 6 stades de la lésion :
  • Les stades 1 et 2, sont des entorses « vraies » acromio-claviculaires.
  • Les stades 3 à 6 sont des luxations acromio-claviculaires.

Disjonction Acromio Claviculaire

Le traitement dépend du stade de l’atteinte :

  • Pour les stades 1 et 2, il est purement fonctionnel par une immobilisation simple pendant 2 semaines. Il est possible de glacer la zone et de prendre des médicaments, les premiers jours, pour diminuer la douleur. Ensuite, à la sortie de l’immobilisation il faut réaliser de la rééducation pendant quelques semaines. Ce type d’atteinte laisse très rarement des séquelles mais il peut persister une douleur jusqu’à 3 à 6 mois après l’accident.
  • Pour le stade 3, la prise en charge chirurgicale sera discutée en fonction de l’âge et du niveau sportif du patient car ne laissant principalement qu’une séquelle esthétique. En général, le taitement est réalisé par des techniques mini-invasives, arthroscopiques.
  • Pour les stades 4 à 6, la chirurgie est souvent conseillée et nécessite de la rééducation en post-opératoire. La technique utilisée est discutée avec le patient. Le délai de récupération est en général de 3 à 6 mois.

2. Les luxations « vraies » de l’épaule ou luxations gléno-humérales

Il s’agit du classique «déboitement » de l’épaule.

En pratique, cette luxation concerne l’articulation principale de l’épaule, qui se « déboite » la première fois lors d’un traumatisme important (sport, chute d’un lieu élevé, accident de la voie publique). L’hyper-laxité congénitale est un facteur favorisant.

Le premier épisode peut ou non s’accompagner de nouvelles luxations. Plus la première luxation survient à un âge jeune et plus elle est à risque de survenir à nouveau. Une deuxième luxation est en revanche beaucoup plus rare après 40 ans mais peut s’accompagner d’une atteinte des tendons de la coiffe des rotateurs.

La majorité des luxations sont antérieures (95%). La tête de l’humérus sort en avant de l’omoplate. A l’examen clinique, il existe une déformation et une impotence fonctionnelle majeure.

La douleur est variable.

Les luxations peuvent s’accompagner de certaines complications :

  • Un « endormissement » du moignon de l’épaule est à rechercher systématiquement et signe une atteinte du nerf axillaire
  • Une fracture de la tête de l’humérus pouvant nécessitée une prise en charge chirurgicale d’emblée
  • Une atteinte des tendons de la coiffe des rotateurs après 40 ans (50% des cas).

Le diagnostic doit être confirmé par radiographie. Parfois un scanner peut être demandé en complément en cas de doute sur une fracture ou lésion tendineuse associée.

Luxation antérieure

 

Les luxations postérieures (tête humérale en arrière) plus rares, sont diagnostiquées par l’impossibilité de mettre le bras vers l’extérieur (perte de la rotation externe).

Le traitement d’une luxation antérieure consiste en sa réduction urgente, le plus souvent sous sédation simple, parfois une anesthésie est nécessaire.

La luxation postérieure, nécessite en revanche une réduction urgente sous anesthésie systématique.

Après un premier épisode de luxation, le patient est immobilisé dans une attelle pendant 3 à 6 semaines pour favoriser la cicatrisation des ligaments et de l’enveloppe de l’articulation (capsule articulaire et tendons).

Dans les suites, la rééducation est nécessaire à la fois pour récupérer la mobilité mais aussi pour renforcer la musculation et le contrôle de l’épaule dans l’espace (proprioception).

Dans le cas de luxations à répétitions (au-delà de 2 épisodes), on parle d’instabilité, un traitement chirurgical est alors à envisager.

3. Les luxations sterno-claviculaires

La luxation sterno-claviculaire est une atteinte rare touchant l’articulation entre le sternum et le bord interne de la clavicule.

Il s’agit principalement de luxations antérieures (3 cas sur 4).

Dans le cas d’une luxation antérieure,  la clavicule se déplace vers l’avant et devient visible sous la peau. Elle survient le plus souvent chez des patients hyper-laxes.

Cette luxation et en général très bien tolérée, ne limitant pas l’usage du membre supérieur et présentant essentiellement une « séquelle » esthétique, sous forme d’une « grosse » articulation. La chirurgie est donc exceptionnelle dans ce contexte.

Parfois, une réduction en urgence peut être réalisée, mais en l’absence de fixation chirurgicale, l’articulation sterno-claviculaire revient très souvent dans la position de luxation du départ. Pour autant, aucune chirurgie urgente n’est à envisager.

Le traitement habituel est une immobilisation de 2 semaines dans une écharpe puis une récupération progressive de la mobilité. Les douleurs peuvent persister quelques semaines et la reprise du sport s’envisage après 2 mois.

Elles sont plus rares, survenant lors de traumatismes violents comme les accidents de la voie publique.

Elles sont plus graves car pouvant toucher la trachée, l’oesophage et les grosses artères partant du cœur.

Il faut donc rechercher des difficultés à manger ou respirer, des saignements et si tel est le cas, réduire et fixer la luxation dans un centre spécialisé disposant d’un chirurgien thoracique disponible si besoin.